Au cours de sa carrière, le chirurgien-dentiste sollicite sa vue de manière très importante, entre différentes zones éclairées différemment : la bouche des patients, le plan de travail, en passant par l’ordinateur et l’ensemble du cabinet… Les conditions de travail sont particulières, exposant le praticien à une fatigue visuelle accrue.
Qu’est-ce que la fatigue visuelle ?
Il s’agit d’un effet physiologique réversible, résultant de sollicitations excessives des muscles oculaires et de la rétine, pour tenter de conserver une image nette par des ajustements inefficaces.
La fatigue visuelle se traduit par des sensations de lourdeur des globes oculaires, des rougeurs, des picotements des yeux, une vision floue temporaire, un syndrome de l’œil sec (manque de larmes lié au défaut de clignement des paupières), des maux de tête… La plupart de ces symptômes disparaissent après le repos. Néanmoins, la fatigue visuelle peut s’accumuler et les symptômes auront tendance à apparaître plus rapidement.
Les facteurs de risque de survenue de la fatigue visuelle sont liés à :
- la conception du poste de travail : local climatisé, éclairement inapproprié, écran mal positionné, hétérogénéité des contrastes (couleur sombre / couleur claire) entre les différentes surfaces (plan de travail, mur, plafond…), etc. ;
- l’organisation du travail : temps excessif passé devant l’écran, absence de pauses visuelles, etc. ;
- le choix du matériel : support brillant à l’origine de reflets importants, éclairages artificiels inadaptés, fenêtres non équipées de stores, etc. ;
- aux caractéristiques individuelles : âge, troubles visuels (astigmatie, myopie, hypermétropie, presbytie) non ou mal corrigés, syndrome de l’œil sec préexistant, etc.
Source : https://www.inrs.fr/risques/travail-ecran/risques-sante.html
Agir sur les facteurs de risque liés aux conditions de travail et consulter un professionnel de santé en cas de trouble visuel persistant seront les principales pistes d’intervention…
Les priorités : l’éclairage et le travail sur écran
De façon générale, il est conseillé de privilégier une pièce naturellement éclairée et de placer son écran à la perpendiculaire de la lumière naturelle afin d’éviter les reflets.
Néanmoins, cette lumière ne peut suffire à éclairer un cabinet dentaire… Et du niveau d’éclairement du champ opératoire découlent les niveaux des autres zones de la salle opératoire.
Pour éviter les sources d’éblouissement, il est également conseillé de choisir un luminaire conforme à la norme DIN 67 505, d’utiliser des instruments et des surfaces mates, des blouses colorées ou sans manches et des champs de couleur bleue ou verte…
Les zones de circulation, elles, n’ont pas besoin d’un éclairage important mais il est nécessaire de ne pas créer trop de contrastes d’un espace à l’autre.
Les risques liés à l’éclairage ne sont pas propres au cabinet dentaire. L’éclairage est régit par des normes dans le code du travail. Un Service de Prévention et de Santé au Travail pourra vous aider à répondre à vos obligations légales en tant qu’employeur et à prendre soin de vous-même. Pour en savoir plus sur le SPST : https://www.urps-chirurgiensdentistes-na.fr/medecine-travail-interets-praticien-liberal/ |
Les écrans trop lumineux ou trop sombres peuvent fatiguer vos yeux. Aussi, il est important d’adapter leur intensité à l’éclairage ambiant.
Pour une bonne position de travail, le regard doit se situer dans la partie haute de l’écran. Il est aussi recommandé de mettre une distance entre son regard et l’écran, correspondant soit à la longueur d’un avant-bras pour les ordinateurs portables ou égale à 1,5 fois la diagonale de l’écran pour les ordinateurs fixes.
L’exposition à des écrans à LED en fin de journée peut perturber l’horloge biologique et avoir des effets négatifs sur le sommeil. Il est donc conseillé de ne pas regarder son écran d’ordinateur, sa tablette ou son smartphone au minimum une heure avant le coucher. |
Se rapprocher d’un professionnel de santé
En cas de fatigue visuelle persistante ou d’autres symptômes, il faut consulter un professionnel de santé.
À la suite d’un bilan ophtalmologique et/ou orthoptique, un professionnel pourra vous prodiguer des conseils adaptés à votre activité, à votre posture ou à vos conditions de travail. Le cas échéant, il pourra aussi vous prescrire des exercices de rééducation.
Depuis le 1er février 2023, les patients âgés de 16 à 42 ans ont la possibilité de consulter en accès direct un orthoptiste pour la prescription de verres correcteurs et de lentilles de contact.
Pour en savoir plus : https://www.service-public.fr/particuliers/actualites/A16344
En résumé… – Assurez-vous que les niveaux d’éclairage pendant les interventions chirurgicales sont bons, en particulier dans la zone de travail. – Portez des lunettes de protection lors des interventions. – Prenez un « repos pour les yeux » à intervalles réguliers. Toutes les demi-heures environ, concentrez-vous sur un objet éloigné, par exemple en regardant par la fenêtre. Dix secondes suffisent. – Faites vérifier régulièrement vos yeux et votre vision. Traduction des conseils émis par la FDI : https://fdimentalhealthtoolkit.org/individual-level/do/#step-1 |